DŽcembre 2006

 

 

 

Christophe Guillaume, 35 ans, fils dÕagriculteur et originaire du nord de Fougres en Ille & Vilaine.

 

Mes parents possŽdaient une petite exploitation agricole laitire et avaient achetŽ  pour lՎpoque un tracteur neuf Someca 500 S 50 CV, 3 cylindres. LÕopportunitŽ dÕun deuxime tracteur nous fut proposŽe par mon oncle voisin et agriculteur. Ce dernier, Žtant bricoleur et fouineur en possŽdait dŽjˆ plusieurs. Mon pre remarqua ce petit tracteur monocylindre refroidit par air et china mon oncle pour le lui acheter. Mon oncle accepta, il sÕagissait dÕun Eicher ED110/8 Š 19 CV de 1958 : marque quasi inconnue dans le canton.

 

Il fut le bonheur de toute une famille de quatre enfants, moi Žtant le plus jeune avec mes trois grandes sĻurs. Elles gardrent de trs bons souvenirs de ce fabuleux tracteur.

 

A lՎpoque, toute personne Žtrangre ˆ lÕexploitation qui venait ˆ la maison, ne pouvait tre indiffŽrente  ˆ ce vieux Ē tacot Č, que ce soit le facteur, le vŽtŽrinaire ou bien le boulanger. Mon pre se plaisait ˆ le faire tourner au ralenti pour amuser les nouveaux fans Ē taf, taf, teufÉ Č Ce fut ˆ ce moment lˆ que je pris conscience de ma passion. Le regard de toutes ses personnes qui rigolaient ˆ lՎcoute de ce bruit Žtrange mÕenchantait.

 

Les annŽes passant, le tracteur fut dŽplacŽ dans une petite ferme appartenant ˆ mes parents o sa fonction Žtait de distribuer de lÕeau aux vaches ˆ lÕaide dÕune tonne ˆ eau. Il Žtait trs fatiguŽ (entre 15 et 20000 heures de travail et pas moins de huit propriŽtaires) le dŽmarreur ne fonctionnait plus. On lÕarrtait dans le haut dÕune c™te pour quÕil puisse redŽmarrer en descente. On lÕutilisait de moins en moins. CÕest pourquoi, mes parents voulaient sÕen sŽparer. Il Žtait question de lÕenvoyer faire des petits cubes chez un ferrailleur. Apprenant la mŽcanique, jÕai proposŽ de le bricoler en 1993 : alors commena le dŽmontage.

 

Mon premier pŽriple fut de trouver les pices, beaucoup de personnes que jÕinterrogeais me dŽcourageaient en me disant que je nÕy arriverai pas. CÕest ˆ cet instant que mon enttement commena Ē vous nÕarriverez pas ˆ me dŽcourager ! Pensais-je ! Č

 

La premire difficultŽ ˆ se prŽsenter fut le dŽmŽnagement du tracteur en pices dŽtachŽes ˆ 35 km. Je prŽvoyais le remontage paisiblement dans un b‰timent accolŽ ˆ une maison que nous louions. Juste un petit dŽtail, le propriŽtaire mÕavait promis une ouverture de porte plus grande. Chose qui nÕarriva pas. Par chance, le remontage nՎtait pas commencŽ. Je me mis en qute de trouver un local pour remonter la bte.

 

En 1994, nous dŽmŽnageons pour devenir propriŽtaire ˆ notre tour avec une grange accolŽe ˆ notre maison, lˆ, le vrai travail pouvait commencer.

 

La motivation battait son plein avec pour enjeu de le terminer en dŽcembre 1995. De nombreuses bouteilles de champagne furent mis en jeu ; mais nul besoin, jՎtais plus que dŽterminŽ et jÕachevais mon labeur en juillet 1995 : champagne pour tout le monde !!

 

Il Žtait de couleur verte, ne connaissant pas la marque, jÕavais trouvŽ  le vert sympa. Il mÕaura fallu plusieurs annŽes de recherche pour retrouver lÕorigine et la carte grise de ce premier tracteur.

 

CÕest avec lÕaide dÕune personne des archives du dŽpartement de la Sarthe que je suis arrivŽ par chance ˆ retrouver le numŽro de sŽrie de ce tracteur !!!

Avec cela, je retrouvais le premier propriŽtaire qui ne voulut jamais croire que cՎtait son tracteur, Žtant donnŽ  tout ce quÕil lui avait fait endurer et pourtant cՎtait bien le sien.

 

En 1996, nous avions choisi de prendre le tracteur avec sa charrette ˆ foin en guise de voiture de mariŽs. Cette couleur verte finissait par me donner des frissons ; pour cause la rencontre de certains passionnŽs qui me rappelaient trop souvent que le vert nÕavait jamais existŽ chez EICHER, cÕest alors, que jÕentrepris de tout repeindre en gris bleu. Aprs chose faite, il me manquait les Žcussons sur le capot.

 

Les renseignements, je les trouvais chez un ancien distributeur de la marque qui me suggŽra dÕaller en Allemagne, tout comme lui en 1957 au volant dÕune 2 CV. Il me montra quelques photos ce qui allaient mÕencourager en 1997 soit 40 aprs ˆ retourner sur les pas de cet agent de marque.

 

Par chance, jÕai pu rencontrer lÕun des petits fils EICHER (Florian petit fils dÕAlbert), qui trs heureux de dŽcouvrir un passionnŽ de la marque familiale : Franais de surcro”t, mÕoffrit les Žcussons qui me manquaient. Ce qui verrouilla ˆ tout jamais ma passion de la marque É

 

Beaucoup de passion, de patience et de folie. Depuis, jÕachte ce que je peux trouver sur la marque. (Documentations, photos, miniatures etc.) Je les archive soigneusement.

 

Actuellement, je possde une trentaine de modles diffŽrents EICHERÉ (Les vrais tracteurs Žchelles 1/1) qui viennent dÕabord des quatre coins de lÕhexagone et maintenant de la Belgique et de lÕAllemagne. LÕun des derniers, est un (22 PS I) de 1939 dont trs peu dÕexemplaires sont connus au monde.

Sans doute, lÕune des plus grosses collections dÕEUROPE.

 

Des archives assez exceptionnelles.

Recensement de tous les EICHER connus ˆ ce jour en France ainsi que le rŽseau de distribution de lՎpoque.

 

JÕai deux fils, ˆ qui jÕaimerai transmettre cette passion. (Encombrante je vous lÕavoue)

 

Tractomicalement.

 

 

 

Christophe GUILLAUME